La triste histoire de Sunny Ray
Ce matin, en arrivant au boulot, je sais on n’est pas vendredi.
Pourtant, j’ai envie de vous raconter une histoire.
Dans ses mains dégueulasses de clochard, Andy tient une radio qui grésille.
Tant bien que mal, elle diffuse un vieux tube, qui a au moins 20 ans. Les gens qui passent devant Andy, en s’appliquant bien pour faire croire qu’ils ne l’ont pas vu, ne peuvent pas s’en empêcher. En marchant, ils dodelinent, ils bougent la tête en rythme. Ils arriveront plus heureux au bureau, heureux d’avoir entendu ce vieux tube d’il y a 20 ans, presque oublié, grâce à la radio d’un vieux clochard nègre.
Qui est l'auteur de ce tube ? Personne n'en a aucune idée. Sauf Andy.
Andy se souvient très bien de Sunny Ray Johnson. Il se rappelle Sunny Ray sur les plateaux télé. Un vrai symbole ! La ségrégation était alors tout sauf un mauvais souvenir, mais cet homme à la peau noire chantait, sa guitare en bandoulière, un grand sourire fendant son visage. Et des blancs l'applaudissaient, au nom du rock and roll !
Rapidement reviennent à Andy les heures de gloire, le haut des «charts», les concerts, du Cotton Club au Madison Square Garden, bref, la belle vie pour Sunny Ray. Le vieux clochard a tout ça en mémoire.
La radio grésille de plus en plus.
Du fond de lui, Andy déterre d’autres bribes du passé. Sunny Ray sort un second album, cette fois descendu par la critique. Sunny Ray fait la une des magazines people, vit la nuit, «se conduit comme un mauvais chrétien», selon sa mère, interviewée pour l’occasion. Sunny Ray «a des problèmes avec l’alcool», sous une photo où Sunny Ray vide ses boyaux sur le pavé de la cinquième avenue. Puis, plus de trace de Sunny Ray dans les media. Mais Andy est un tenace, et dans ses souvenirs, il ne perd pas sa trace. Banqueroute, violence, divorce, sang, sexe, drogues et tellement peu de rock and roll.
Telle fut la vie de Sunny Ray, se dit Andy. C’est drôle, la vie. Tout le monde connaît cette chanson, mais personne ne se souvient de lui.
Dans ses mains dégueulasses de clochard, Sunny Ray Johnson tient une radio qui ne grésille plus. Les piles sont comme lui. Mortes.
Demain, on sera le 17/05, et j'arriverai au boulot.
Pourtant, j’ai envie de vous raconter une histoire.
Dans ses mains dégueulasses de clochard, Andy tient une radio qui grésille.
Tant bien que mal, elle diffuse un vieux tube, qui a au moins 20 ans. Les gens qui passent devant Andy, en s’appliquant bien pour faire croire qu’ils ne l’ont pas vu, ne peuvent pas s’en empêcher. En marchant, ils dodelinent, ils bougent la tête en rythme. Ils arriveront plus heureux au bureau, heureux d’avoir entendu ce vieux tube d’il y a 20 ans, presque oublié, grâce à la radio d’un vieux clochard nègre.
Qui est l'auteur de ce tube ? Personne n'en a aucune idée. Sauf Andy.
Andy se souvient très bien de Sunny Ray Johnson. Il se rappelle Sunny Ray sur les plateaux télé. Un vrai symbole ! La ségrégation était alors tout sauf un mauvais souvenir, mais cet homme à la peau noire chantait, sa guitare en bandoulière, un grand sourire fendant son visage. Et des blancs l'applaudissaient, au nom du rock and roll !
Rapidement reviennent à Andy les heures de gloire, le haut des «charts», les concerts, du Cotton Club au Madison Square Garden, bref, la belle vie pour Sunny Ray. Le vieux clochard a tout ça en mémoire.
La radio grésille de plus en plus.
Du fond de lui, Andy déterre d’autres bribes du passé. Sunny Ray sort un second album, cette fois descendu par la critique. Sunny Ray fait la une des magazines people, vit la nuit, «se conduit comme un mauvais chrétien», selon sa mère, interviewée pour l’occasion. Sunny Ray «a des problèmes avec l’alcool», sous une photo où Sunny Ray vide ses boyaux sur le pavé de la cinquième avenue. Puis, plus de trace de Sunny Ray dans les media. Mais Andy est un tenace, et dans ses souvenirs, il ne perd pas sa trace. Banqueroute, violence, divorce, sang, sexe, drogues et tellement peu de rock and roll.
Telle fut la vie de Sunny Ray, se dit Andy. C’est drôle, la vie. Tout le monde connaît cette chanson, mais personne ne se souvient de lui.
Dans ses mains dégueulasses de clochard, Sunny Ray Johnson tient une radio qui ne grésille plus. Les piles sont comme lui. Mortes.
Demain, on sera le 17/05, et j'arriverai au boulot.